L'autisme


L'autisme est un trouble précoce du développement, les premiers signes apparaissant avant l'âge de trois ans. Les anomalies se manifestent essentiellement dans trois domaines qui sont les interactions sociales, la communication, et les comportements dont le caractère est restreint et répétitif. Les signes varient avec l'âge, mais il subsiste des déficits dans les communications sociales à l'âge adulte et les comportements manquent toujours de flexibilité.

Selon les formes de l’autisme, qui varient de 4 à 10 en fonction des auteurs, il existe trois secteurs de troubles dans le développement.

Anomalies qualitatives des interactions sociales

Les anomalies touchent particulièrement les comportements non verbaux utilisés classiquement pour entrer en contact avec les autres. Les signaux non verbaux qui permettent de régler l'interaction sont absents ou ne sont pas utilisés correctement. L'utilisation du regard est ainsi souvent déviante : absence de contact oculaire, regard transfixiant (le regard semble traverser l'interlocuteur), regard périphérique (la personne regarde de côté), absence de coordination du regard avec les autres signaux sociaux. Les mimiques sociales sont appauvries ou exagérées et peuvent sembler peu adaptées au contexte : Par exemple, l'enfant rit sans que l'on comprenne pourquoi ou alors il sourit en regardant un rayon lumineux et ne sourit pas quand on lui parle.

L'expression gestuelle est appauvrie. Les gestes (ex : pointé du doigt), lorsqu'ils existent, sont rarement utilisés dans un but social de partage d'intérêt ou de demande d'aide.

La faible compréhension des émotions des autres entraîne une difficulté à s'harmoniser avec les autres et à partager sur ce plan. L'enfant est donc isolé, ne recherchant pas le contact des autres et particulièrement des enfants de son âge. Il ne parvient pas à développer de jeux sociaux avec les autres enfants et ne s'adapte pas aux situations de groupe.

Anomalies de la communication

Il existe un retard d'acquisition du langage. Certains personnes autistes n'atteignent jamais le niveau de l'expression verbale (50 %). Dans tous les cas, l'enfant n'utilise pas spontanément d'autres modes de communication (gestes, mimiques) qui lui permettraient de compenser le problème de langage. Le langage n'est pas bien compris, surtout lorsqu'il est plus abstrait.
Lorsqu'un langage apparaît, il se développe en général tardivement, et comporte des anomalies :
- Echolalie immédiate: l'enfant répète en écho ce que l'adulte dit. Il peut par exemple répéter une question qui lui est posée au lieu d'y répondre. L'adulte demande : "Tu veux boire ?" et l'enfant dit "tu veux boire ?" au lieu de fournir une réponse. Cette absence d'inversion des pronoms et la confusion entre le "je" et le "tu" montre que la fonction d'outil de communication qu'a le langage n'est pas comprise.
- Echolalie différée: des mots ou phrases qui ont capté l'attention de l'enfant dans une situation donnée vont être répétés dans un autre contexte où ils n'ont plus de sens. Par exemple, l'enfant répète inlassablement une phrase entendue aux informations télévisées "demain il fera beau".
- Utilisation idiosyncratique du langage. L'enfant utilise des mots ou expressions qui lui sont propres.
- L'expression verbale peut comporter des anomalies du rythme, de l'intonation et du volume.
- Même lorsque le langage est élaboré, il est peu utilisé socialement : la personne autiste initie peu de conversations à caractère purement social (pour le plaisir de bavarder) et a du mal à soutenir une conversation qui ne concerne pas directement ses propres intérêts.
- Les conduites d'imitation à caractère social se mettent difficilement en place, les jeux symboliques de "faire semblant" sont absents ou apparaissent tardivement et gardent un aspect plutôt répétitif et peu créatif.

Intérêts restreints, comportements répétitifs

L'enfant oriente son intérêt vers un objet ou un type d'objets à l'exclusion des autres. Le plus souvent, les objets qui retiennent ainsi son attention sont utilisés dans des activités répétitives : objets ronds que l'enfant fait tourner, brindille qu'il agite devant ses yeux, agitation de ficelles, transvasement d'eau ou de sable. C'est parfois seulement une partie de l'objet qui capte l'attention. Par exemple, seule la roue de la petite voiture intéresse l'enfant qui la fait tourner au lieu de jouer à faire rouler la voiture.
Les activités répétitives concernent aussi le corps. On peut observer des balancements, des postures anormales ou des mouvements des mains ou des bras.
Les changements sont mal supportés et l'enfant affectionne les activités routinières. Il peut insister pour utiliser le même itinéraire ou pour que l'on fasse les choses de la même manière. Des rangements ou alignements d'objets sont aussi observés.
Les trois types de signes: anomalies de l'interaction sociale, anomalies de la communication, intérêts restreints sont retenus dans les classifications internationales pour établir le diagnostic lorsque les troubles décrits sont apparus avant l'âge de trois ans et lorsqu'ils n'appartiennent pas à d'autres troubles du développement tels que le syndrome d'Asperger, le syndrome de Rett ou les troubles désintégratifs de l'enfance.

A côté de ces troubles qui constituent les critères principaux de diagnostic, d'autres anomalies peuvent être relevées. On peut ainsi observer :
- Un retard de développement, une hétérogénéité du développement avec des secteurs retardés et d'autres ou l'enfant a une performance proche de la normale voire même supérieure à la normale. Certains enfants présentent des aptitudes particulières dans les domaines comme la musique, le dessin ou les jeux ayant une composante visuelle (puzzles). La mémoire peut aussi être très développée.
- Des troubles du sommeil
- Des troubles de l'alimentation
- Des problèmes dans l'acquisition de la propreté
- Des problèmes moteurs sous forme d'une incoordination. Ces troubles ne sont pas systématiques et certains enfants peuvent manifester une grande aisance corporelle associée à un sens important de l'équilibre.
- Des problèmes sensoriels avec une insensibilité à des signaux spécifiques dans certains cas, une réactivité très importante dans d'autres cas et parfois une fluctuation dans les réponses données aux stimulations.
- Troubles du comportement : Ils sont fréquents dans le développement. Les crises de colère peuvent être liées à différentes situations : difficultés de compréhension de l'environnement, à des problèmes d'adaptation aux changements imprévus, frustration engendrée par l'impossibilité de poursuivre un rituel ou une activité stéréotypée, problèmes physiques (douleur, sensation désagréable…). Généralement, ces problèmes de comportement s'atténuent lorsque les capacités de communication se développent, lorsque l'environnement est adapté aux capacités de compréhension de l'enfant, et lorsqu'une éducation adaptée a été mise en place. On relève aussi très souvent des manifestations d'anxiété. Avec l'âge, les manifestations anxieuses peuvent s'estomper. Dans certains cas cependant, les manifestations phobiques et obsessionnelles s'installent durablement et s'amplifient. Des éléments dépressifs peuvent aussi apparaître, surtout à partir de l'adolescence et avec la prise de conscience des difficultés.

Symptômes positifs, anomalies cognitives :

Indépendamment de ce tableau qui semble plutôt sombre, il existe un tas de capacités positives qui semblent être en désaccord total avec les résultats des tests d’intelligence.

L’enfant autiste peut posséder les capacités suivantes :
• Une mémoire prodigieuse, souvent dans son domaine de prédilection
• Une excitabilité sensorielle très importante
• Des capacités de calcul phénoménales
• Un don pour des dessins figuratifs plus qu’étonnant
• Un don pour la musique
• Une capacité à penser le concret de façon très détaillée

Malheureusement, fautes d’interactions humaines, l’adulte autiste semble incapable d’utiliser ses dons à bon escient.

Classification et formes d'autisme (tirés du DSM-IV-TR):

  • Autisme de KANNER

  • Syndrome d'ASPERGER
  • Syndrome de Rett
  • Troubles désintégratifs ou syndrome de HELLER
  • Autres classifications/concepts:

  • Autisme de haut niveau: Autisme avec un QI > 85. Certains auteurs confondent les 2 entités, Autisme de haut niveau et Asperger, d'autres non. En fait le Syndrome d'Asperger n'est qu'une forme d'autisme de haut niveau. Attention: Autisme de haut niveau ne veut pas dire que le QI > 132
  • Syndrome d'Asperger: Autisme de haut niveau qui est caractérisé par un langage bien préservé
  • TEDSDI: Trouble Envahissant du Développement Sans Déficience Intellectuelle
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    Image Référence
    Lenoir, P., Malvy, J., & Bodier-Rethore, C. (2007). L'autisme et les troubles du développement psychologique (2ème édition). Paris: Masson.

    Un livre pour les étudiants qui décrit très précisement tout l'évolution des concepts, les formes cliniques de l'autisme (ainsi que sa classification au sein de plusieurs systèmes), la génétique, les hypothèses possibles, les dispositifs d'évaluation; En 11 chapitres, vous aurez une bonne vision de tout ce qui touche l'autisme.

    Cathenod, M. (2006). Autisme et tabou: Autismes et différences. Paris: Les éditions de l'officine.

    Ecrit par une mère, ce livre que je conseille aux étudiants en psychologie, autant qu'aux parents, vous présentera de façon intelligemment vulgarisée, toutes les compréhensions/incompréhensions sur cette maladie, ainsi que les différentes théories existantes.

    Attwood, T. (2003). Le syndrome d'asperger et l'autisme de haut niveau. Paris: Dunod.

    Tout savoir sur le syndrome d'asperger, cette forme d'autisme où le langage verbal est souvent très présent.

    Mottron, L. (2004). L'autisme: Une autre intelligence: Diagnostic, cognition et support des personnes autistes sans déficience intellectuelle. Liège: Mardaga.

    Le chercheur Laurent Mottron montre, avec maintes expériences, la différence qualitative de l'autisme, et s'intéresse plus aux symptomes positifs de cette maladie.

    Plutôt que de s'intéresser aux autistes ayant un QI bas, il propose plusieurs types de recherche montrant que les TEDSDI ont des particularités de traitement cognitif.

    Juhel, J.-C., & Héraud, G. (2003). La personne autiste et le syndrome d'asperger. Laval: Presses Universitaires.

    Un livre orienté sur l'éducation de l'autisme

    Ribas, D. (2004). Controverses sur l'autisme et témoignages. Paris: PUF.

    Un excellent livre sur l'autisme.

    Grandin, T. (2000). Ma vie d'autiste. Paris: Odile Jacob.

    Il existe plusieurs témoignages de personnes autistes et ici, vous avez une des références en ce domaine: A lire absolument !

    Barron, J., & Barron, S. (2000). Moi, l'enfant autiste. Paris: J'AI LU.

    Un témoignage émouvant sur une mère et son fils autiste, expliquant chacun "leur point de vue".

    Des livres complémentaires sur l'autisme sur le site INFORAUTISME :

    Essais sur l'autisme : http://www.inforautisme.com/02quoi/bibliographie_essais.htm
    Livres éducatifs et médicaux : http://www.inforautisme.com/02quoi/bibliographie_educatifs.htm
    Témoignages : http://www.inforautisme.com/02quoi/bibliographie_temoin.htm

    Le site pour les aspergers: http://www.aspergeraide.com/

    Une théorie très intéressante de Simon Baron Cohen. Ici